Charente Libre du 11 avril, sur l'intercommunalité
Mis à jour | 08h20
Région
Le congrès des maires de Charente a fait une large place à la réforme. Michel Boutant a dit tout haut ce que nombre d'élus pensent tout bas.
«Calendrier à marche forcée», pour l'un. «Pas de précipitation», pour l'autre. Samedi, les échanges ont été vifs mais polis entre Michel Boutant, sénateur et président (PS) du conseil général, et Jacques Millon, le préfet de la Charente. Au coeur du débat lancé à l'occasion de l'assemblée générale des maires de Charente à Verdille: le projet de schéma départemental de coopération intercommunale (SDCI) issu de la loi du 16 décembre 2010.
Objectif affiché par l'État: réduire le nombre de syndicats et de communautés de communes, estimé trop important, en opérant des rapprochements, des fusions. De quoi donner l'occasion à Michel Boutant de mener une belle charge contre l'État et son représentant en Charente, dans la droite ligne des inquiétudes évoquées quelques instants plus tôt par quelques maires, tels Michel Duchiron (Courcôme) ou Patrick Borie (Marthon).
«Précipitation» contre «calendrier raisonnable»
Si l'immense majorité des élus n'est pas opposée à ce renforcement de l'intercommunalité, la méthode préfectorale, en revanche, donne quelques boutons, en particulier sur le calendrier adopté: «Des délais très contraignants», pointe Michel Boutant, pour une réforme «qui ne prend pas en considération les territoires ruraux», qui témoigne du «mépris de l'intelligentsia parisienne», «d'une recherche de rentabilité à tout prix» et d'un «déséquilibre dans l'aménagement du territoire, au profit des grandes villes».
Or, derrière «ces grands arbres que sont Paris, Lyon ou Marseille, il y a la forêt dense des communes, qui apportent toute à la Nation» et qui ne sont en rien des «boulets», avec «des élus ringards, trop payés et trop peu instruits».
Michel Boutant fustige surtout une «précipitation» dans la méthode, la réforme devant aboutir à une géographie nouvelle de l'intercommunalité au 31 décembre prochain.
Balayant ces observations, Jacques Millon a dû se faire quelques solides inimitiés dans la salle. Car pour le préfet, qui a rencontré déjà nombre d'élus locaux, il n'y a pas de précipitation. «Si 2011 sera l'année de la cartographie, n'oublions pas que 2012 et 2013 seront consacrées au travail sur les budgets et sur les compétences. C'est un calendrier raisonnable», note celui qui estime que 178 syndicats intercommunaux et 24 communautés de communes en Charente pour 350 000 habitants, c'est décidément trop.
Ce jeudi 14 avril, le préfet présente l'avant-projet de SDCI à la commission départementale de coopération intercommunale (CDCI) qui se réunira à nouveau le 26 avril sur le même sujet. Début mai, le projet sera envoyé aux communes et syndicats pour avis. Avis qui reviendront devant la CDCI vers le 15 août, laquelle aura quatre mois pour se prononcer. On sera alors le 15 décembre. Le Schéma départemental de coopération intercommunal doit donc être bouclé et adopté le 31 décembre.
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